• Le silence

    J’ai cherché à t’atteindre, mais tu avais disparu.  Je ne t’entendais plus.

    J’ai cherché à te parler, à crier.  J’ai cherché à retrouver ton rire, mais tu avais disparu.  Je ne t’entendais plus.  Perdu dans le silence.  Un grand silence blanc qui fait peur. Un de ces silences qui ne permettent pas de compromis.  Un de ces grands silences aveuglants qui ne nous permettent aucune erreur. 

    J’ai cherché à te retenir mais tu étais déjà parti. 

    Parti dans ton silence d’oubli. Parti dans ton silence où je n’étais pas la bienvenue. 

    Tu m’as laissé, en échange, un autre silence, le silence de l’ennui.  Un silence où tu ne voulais pas t’aventurer. 

    J’ai cherché à te remplacer mais le silence ne s’emplit pas si facilement.  J’ai voulu trouver un vacarme pour couvrir le silence de ton absence.  Mais ton silence immaculé rendait tout autre son immatériel, invisible et incolore.  Comme un assassin vêtu de velours, il étouffait tout autre bruit, jusqu’à ce qu’il meure, asphyxié.

    Comment décrire le bruit terrible que fait le silence ?  Car le vrai silence, ce n’est pas l’antithèse du son.  Non, le vrai silence, celui qui tue tout le reste, c’est un son en soi, un son silencieux qui vous emplit les oreilles et qui vous assourdit.  Parfois, certains musiciens parviennent à contrefaire ce silence, le vrai.  Un temps dans une chanson nous semble une éternité de bruit encore plus puissant que les notes du musicien.  Le silence nous inspire les plus profonds sentiments, les plus profondes sensations.  Car dans le silence, le vrai, dans le silence il y a l’absence.  Ton absence.

    Dans le silence de ma maison, je n’entends plus les petits bruits auxquels je m’étais habituée.  Dans le vide silencieux de ma maison.

    les craquements. les aiguilles de l’horloge. le ronronnement du frigo. la goutte solitaire dans le lavabo.

    Tout s’est arrêté.  Il n’y a plus rien.  Et chaque minute silencieuse, contée sur mon horloge devenue muette, est une torture de plus, sans toi.  Toi qui étanchais ma soif de bruit.

    À toi seul, tu remplissais le silence d’une douce musique rassurante.  Tu sifflotais, tu chantonnais, tu avais toujours une mélodie qui te suivait.  Tes pas cadencés me parlaient de bonheur.  Ta voix mélodieuse me parlait d’amour.  Ta respiration calme et contrôlée me parlait de vie.  Et toujours le battement de ton coeur me disait « Je suis là, je t’aime, je suis là, tout va bien. »

    Puis, sans dire un mot, tu es parti. 

    Sans un mot. 

    C’est ce qui m’a tué. 

    Sans un son. 


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